EGLISE SAINT AUBIN DE DOUDEAUVILLE-EN-VEXIN                Histoire de Grotesques


 

Annexe au poème de Joseph Thermac

Typographie

 

Des heurs et malheurs de l'espace fine

 

 

Les conventions typographiques des courriels sont celles en usage dans le monde anglophone. Les Anglais collent les points d’exclamation, interrogation, point-virgule, double point, contre la dernière lettre de la phrase, comme on fait pour la virgule et le point. Ceci contrarie les conventions typographiques françaises qui veulent qu’on place ce qu’on appelle une “fine”, entre la dernière lettre et les points d'expression. La délicatesse de l’affaire, c’est que l’espace fine n’est pas une espace pleine. (En typographie, on dit “une” espace.) La fine est un caractère particulier dans les casses d’imprimeurs, qui fait la moitié (un peu plus de la moitié) d’une espace pleine. (Que tout cela est beau!) Ces espaces fines sont des “insécables”, c’est-à-dire qu’elles soudent le dernier mot et le point d’expression. Ainsi, si le point d’expression passe à la ligne, tout le mot y passe avec lui.

Ces fines insécables n’existent pas dans les programmes anglais des mails. Il semble donc préférable de se conformer (à regret) aux principes anglais, et de coller les points d’expression au dernier mot de la phrase. En effet, si on place une espace pleine (et donc sécable) entre le mot et le point d’expression, pour s’approcher de la typographie à la française, on risque fort de voir le  point se promener, solitaire, au début d’une ligne, alors que la phrase qu’il ponctue finit à la ligne précédente. Ce qui est sans doute plus gênant encore, à la lecture, qu’une absence d’espace. 
En attendant d’hypothétiques programmes français, qui nous permettraient d’écrire nos courriels correctement. Alors, on pourrait réintroduire diverses fonctions très belles qu’a façonnées l’art de la typographie à la française. Mais on peut craindre le contraire, et que l’élégante espace fine, entre autres préciosités, soit bientôt de l’histoire ancienne. 
Joseph Thermac