EGLISE SAINT AUBIN DE DOUDEAUVILLE-EN-VEXIN                 Histoire de Grotesques


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L'Histoire de Nicole J.

        

 

Des jeux de lumière parsèment les dalles, au-dessus, une belle voûte ocrée veille sur nous.

 

Moi, je suis l’engoulant : de ma superbe goule jaune, grand ouverte et hérissée de dents, j’engoule les poutres brunes et avale le mal … et j’ouvre l’œil.

 

Mon premier voisin, le beau cheval bridé de rouge, blanc, à la crinière savamment tressée, ouvre la bouche pour engloutir des acanthes.

 

Mon second voisin, un magnifique oiseau blanc au féroce bec crochu, se détache sur fond bleu, au milieu des volutes végétales.

 

Nous sommes des grotesques doudeauvillois et nos ancêtres romains ornaient les murs de villas oubliées dans des grottes.

Seulement, voilà, malheureusement, les siècles et les hommes nous avaient recouverts de gris, couleur de poussière.

Plus personnes ne nous regardait ; plus personne ne nous souriait. Méconnaissables, invisibles nous étions devenus. L’humidité et l’angoisse nous rongeaient. Notre bois pourrissait. Des larmes de pluie tombaient doucement sur les dalles…

 

Un jour pourtant, un miracle s’est produit : une gente dame, au doux nom de Coraline, a décidé de nous sortir de l’anonymat poussiéreux. Des nuées de petites mains secourables, encouragés par des seigneurs à l’escarcelle bien garnie, ont gratté la grisaille, coloré nos visages, fait briller nos yeux, rafraîchi nos arabesques, bleuté nos tentures et doré nos crinières.

 

C’est ainsi que, ce jour d’hui, nous ornons à nouveau murs et poutres et faisons renaître l’intérêt et les sourires Parfois de somptueuses lumières chatoient autour de nous, des harpes, des flûtes, des violons et des voix résonnent à nos oreilles éblouies

Les souris sont parties, la voûte ne pleure plus, nous sommes resplendissants et reconnaissants !

 

 

Nicole Jouves