EGLISE SAINT AUBIN DE DOUDEAUVILLE-EN-VEXIN     -                      Saint Aubin


 

Vie de saint Aubin

Né en 468/469

Evêque d'Angers en 529

Mort en 550

 

Aubin (ou Albin) naît probablement vers 468-469, dans une famille noble du diocèse de Vannes. Il entre en religion au monastère de Tincillac. Admiré pour sa très grande piété et sa charité, il en devient l’abbé en 504, ministère qu’il exercera 25 années. Zélé, mais rayonnant de charité envers les prisonniers et les malheureux, Aubin amena ses frères, par son exemple, à une perfection rare dans les monastères de cette époque.

En 529, contre son gré, il est élu évêque d’Angers par acclamation du clergé et du peuple, de par sa réputation de sainteté. Durant son épiscopat, il multiplia le soin aux pauvres, la visite des malades, la libération des captifs et en général la « défense des citoyens »

Régnait alors chez les Francs la coutume des mariages incestueux et consanguins contre lesquels il s’éleva fermement.

Aubin, à la demande du roi Childebert 1er (fils aîné de Clovis), fit réunir un nouveau concile à Orléans en 538. Qui édicta des peines sévères (excommunication notamment) contre ces abus et contribuèrent à relever la moralité publique. L’église franque en fut profondément transformée.

Il meurt le 1er mars 550. Son corps, déposé à l’abbaye d’Angers fut dispersée par deux fois. Vers 575-580 par son successeur Eutrope, et en 873. Ses reliques étaient fort prisées pour les miracles qu’elles suscitaient.

Culte célébré le 1er mars. Patron des boulangers et pâtissiers
Saint Aubin fit de nombreux miracles, de son vivant et après sa mort. Il est reconnu notamment pour guérir les maladies des enfants, les yeux et la peau.

Saint Aubin en France et dans le monde 

 

Saint Aubin était très vénéré, de son vivant et très rapidement après sa mort en 550. Dès le VIème siècle, Venance Fortunat rédige sa vie et fait le récit des miracles qui lui sont attribués. Ceux-ci seront repris au XIème siècle.

Saint Aubin est inscrit dans tous les martyrologues. L’Allemagne, l’Italie, l’Angleterre, la Pologne et l’Espagne lui rendaient un culte solennel et public.

Il y a 75 villes ou villages « Saint Aubin » en France, mais aussi deux en Suisse, un dans l’Ile de Jersey, un en Belgique et un au Canada.

Quant aux églises placées sous le patronage de Saint Aubin, elles sont encore plus nombreuses.

Dans l’Eure, 24 chapelles ou églises sont ainsi placées sous sa protection, comme la nôtre. 

 

Photo Denise Artaud - Statue en début de restauration

 

 

Saint Aubin présentant et rexommandant un moine à Notre Dame et à son divin Fils

Décrétales de Grégoire VII, commentées par Bernard Parmera - XVI° siècle

 

 

Fête de saint Aubin

 

Saint Aubin fit de nombreux miracles, de son vivant et après sa mort. Il est reconnu notamment pour guérir les maladies des enfants, les yeux et la peau.

Un enclos paroissial, en attente de restauration, a été érigé au milieu du XIX° siècle, en contrebas de l'église, renfermant un édicule et une fontaine dans laquelle on baignait les enfants.

Le buste en pierre qui y avait été place à l'origine, a été remonté dans l'église et restauré en 2021. Une jolie bannière de procession, restaurée en 2023, atteste de l'existence d'une procession, sans doute lors de la fête du saint le 1er mars.

 

Voici la préface du jour de sa fête, tirée d’un manuscrit du Xème siècle, conservé à la bibliothèque d’Angers.

 

 " Dieu éternel, Délivrez-nous des chaînes qui tiennent nos âmes captives ; nous vous
en supplions par Notre Seigneur Jésus-Christ qui a donné à son Eglise, par la personne
du bienheureux Pontife Aubin, un modèle aussi accompli qu'admirable.

L'Eglise catholique, répandue sur tous les points du globe, se glorifie et se réjouit
des œuvres excellentes et si dignes de louanges de ce fidèle serviteur. Sa mort
glorieuse et son entrée triomphante dans les cieux font aujourd'hui le sujet des harmonies divines des neufs chœurs des esprits bienheureux.

Permettez-nous donc de nous unir à ces innombrables concerts et d'élever nos
cœurs jusqu'à vous, Ô notre Dieu et notre récompense pour l'éternité.

 Amen."

 Photo Denise Artaud - Statue restaurée

Les Miracles de saint Aubin

 

Ci-dessous, de maginifiques illustrations provenant de la BNF et relatant les miracles attribués à saint Aubin. Ce travail de l'abbaye d'Angers est daté du XI°siècle.

 

Deux textes suivent, détaillant ces actions miraculeuses.

 

Les miracles de saint Aubin

 

Miracles de son vivant, relatés par Venance Fortunat au VIème siècle

 

Dans la cité d’Angers, alors qu’une femme nommée Grata s’était présentée à lui les mains contractées par l’infirmité de ses nerfs engourdis, il fit le signe de la croix sur la main droite infirme. Voici alors qu’une tiédeur vivifiante commença à se répandre dans sa paume déjà morte, puis, le jour suivant, elle se présenta à nouveau audit lieu pour y être marquée par lui du signe de la croix.
Après quoi, les veines commencèrent à reconnaître leur parcours : le troisième jour, dès qu’il l’eut marquée du sceau de la croix, aussitôt les tissus de ses doigts desséchés se relâchèrent et la femme se signa au nom du Christ de sa main droite ressuscitée dont elle avait retrouvé l’usage.

Une fois, alors que, passant par là, il était arrivé dans la bourgade de Gennes, il découvre un adolescent, nommé Alabaudus, déjà privé des fonctions vitales. Entendant les parents se lamenter sur la mort de leur fils qui venait de se produire, il accourt et, pour relever vivant celui qui gisait mort, il se prosterne en prière et, s’y abîmant, il pria assez longtemps.
Tandis que l’évêque prosterné dans la poussière perdait toute couleur, la force vivifiante de son âme rougeoyait à l’intérieur de son corps jusqu’à ce que le ciel ébranlé, le Tartare s’ouvrant, le jeune homme eût été rappelé de la mort et l’évêque de sa prière.

Ensuite, alors qu’il visitait le monastère d’Asiagus, avec une paternelle sollicitude, un aveugle déjà illuminé par la foi lui crie de venir à son secours : il lui imposa le remède de la sainte croix et l’aveugle reçut la lumière aussi vite qu’il l’avait réclamée.

De même à Angers, lorsqu’un certain Maurille demanda que la lumière fût rendue à ses yeux clos, l’évêque, recourant alors à ses armes bien connues, traça aussitôt le signe vénérable sur ses paupières : comme un projectile très puissant, la croix perça les ténèbres, apportant derrière elle la lumière à l’aveugle.

De même, Marcellin, après avoir passé environ une dizaine d’années dans le brouillard de la cécité, fut traîné auprès du bienheureux pontife : quand ce dernier traça sur ses yeux le signe de la croix vénérable, le sang jaillissant aussitôt, les ténèbres furent chassées et la lumière fut.

Il nous faut aussi raconter un fait mémorable. Alors que l’illustre Aethérie, poursuivie par ordre royal, était retenue prisonnière sous la garde de soldats dans la villa de Dullacense, le saint pasteur, portant alors secours à la brebis en danger, vient seul auprès d’elle pour que personne ne le sache : à sa vue, la femme, embrassant ses pieds, s’accrochait à lui gémissante. Alors que, dans son audace insensée, un malheureux garde veut comme un loup l’arracher au vêtement du pasteur, le saint homme perçut l’outrage. Il lui souffla alors au visage et l’agresseur de l’évêque fut frappé d’une mort rapide.
C’est pourquoi tous les autres soldats, frappés de terreur, manifestèrent du respect au pontife et le châtiment d’un seul les exempta de toute faute : il ne se sépara de la femme qu’après avoir payé lui-même au roi le prix de sa libération. Ainsi, en un même moment, le suppliant trouva le salut et le présomptueux la mort.

Et il ne faut assurément pas passer sous silence ce qu’on a fait vœu de transmettre à la mémoire. Avec le zèle d’une pieuse dévotion, le saint père arriva dans une bourgade appelée Albivia. Là, alors qu’un aveugle sollicitait auprès de lui l’œuvre de miséricorde, voici que, prisonnier depuis peu des attaques du démon, il se mit à se tordre de douleur.
Alors Aubin jeta son corps à terre pour la prière à laquelle il se livrait toujours avec une sainte dévotion de l’âme, rendit aux yeux la lumière qui leur avait été précédemment arrachée et chassa la peste de l’esprit immonde. Ô ineffable grâce de la piété ! Alors qu’il lui était seulement demandé de quoi subsister, c’est un triple remède qui fut obtenu : il a donné la nourriture à l’indigent, la vue à l’aveugle et rendu le captif à la liberté.

De même, tandis qu’il se rendait à Paris pour rencontrer le roi Childebert, on annonce au pontife que le souverain allait quitter la cité le lendemain pour chasser. Il fait mander qu’il daigne l’attendre. Mais parce que le bienheureux Aubin était retardé par une infirmité physique, le susdit roi se hâta d’aller à sa rencontre : tant qu’il garda le chemin qui conduisait à l’évêque, il fit route promptement et avec bonheur.

Mais alors qu’il parvenait au carrefour de trois voies et qu’il voulait dévier de sa route, son cheval ne put faire un pas comme s’il était en métal fondu. Le roi conjecturant que la faute incombait plus au cheval qu’à une cause [réelle], fit seller une autre monture, mais quand il le contraignit à prendre le même chemin, le cheval en fut incapable, comme s’il était brisé dans son élan par l’obstacle d’un mur.
Le roi comprenant qu’il n’avait servi à rien de changer de monture s’il ne changeait de trajet, commença à apprendre d’un cheval en quoi l’homme pouvait pécher et l’intelligence humaine pouvait être corrigée par l’animal. Se détournant pour prendre la route qui menait à l’évêque, il commença à s’avancer avec joie comme si, arraché d’une fosse, il avait retrouvé le plat d’une douce campagne.

Il vaut la peine de rapporter une histoire vivante au sujet d’un cadavre. Cet homme apostolique, s’étant rendu dans la cité de Vannes, voulait faire revenir chez lui au son des psaumes le pauvre corps d’un de ses suivants, un tendre adolescent déjà entré dans la vie monastique (conversus), qu’il aimait tout particulièrement pour la qualité de ses mœurs, qui était mort et enseveli en ce lieu un an plus tôt.
Alors qu’il séjournait en ce lieu pour cette raison, des serviteurs voulurent déplacer le corps avant l’arrivée de l’évêque, mais il était alourdi d’un tel poids qu’ils auraient pu mettre sur la balance des membres de géant plutôt que de soulever le corps du petit garçon : on aurait cru que ce cadavre sorti de sa sépulture était déjà enseveli dans le marbre et les chevaux ne pouvaient faire un pas, comme si de la poussière de ce corps étaient sorties des chaînes, jusqu’à ce qu’en arrivant l’évêque libérât par la prière ceux que son silence a [jusque-là] cloués au sol.

Il ne faut pas moins faire connaître encore un miracle. Comme au monastère de Tintilliacense, le moine Gennomer était privé de la lumière des yeux et que de longues années s’étaient écoulées [pour lui] dans une seule nuit de cécité, il demanda au très saint homme de faire sur lui le signe de la croix. Après quoi, la splendeur vivifiante de la lumière pénétra ses yeux, chassa les ténèbres et le soleil [qui lui était] étranger resplendit pour lui.

Il y a encore parmi bien d’autres choses cet exemple vénérable. Comme dans la cité d’Angers une tour accolée à la porte avait été transformée en prison pour les condamnés, le bienheureux Aubin passant par-là fut surpris par les cris des prisonniers. Alors, suppliant, il se rendit auprès du juge pour que par pitié il les relâchât de la prison.
Comme celui-ci faisait la sourde oreille, bientôt le pontife se tournant vers Dieu en une quête confiante, pria le ciel avec tant d’intimité dans sa voix que là où le saint épancha sa prière, un bloc de pierre d’une taille étonnante se détacha et ouvrit l’accès de la porte aux prisonniers parce que, face à sa prière, la pierre ne put conserver sa solidité.
Sortis vivants de là comme d’un tombeau, rendant grâce au seigneur Aubin dans la basilique de saint Maurille, ils se jetèrent à ses pieds parce qu’il avait fait revenir les suspects de la mort au salut.

De même, lorsqu’une femme saisie par l’esprit malin se présenta au bienheureux Aubin, criant et se lamentant, voilà que l’Ennemi se fixa sur son œil sous l’aspect d’une poche de sang.
Alors le pontife faisant le signe de la croix l’apostropha en ces termes : « Ennemi, que l’œil que tu n’as pas donné, tu ne puisses l’enlever ». Bientôt un filet de sang s’ouvrit un passage et sortit de l’abcès sous forme de phlébotomie ; après cette saignée, l’immonde Ennemi disparut sans blesser l’œil et la jeune fille s’en tira saine et sauve par la force du signe de la croix.

Mais il faut maintenant exposer cet utile exemple de sa grandeur d’âme. Quand il s’agissait du service de Dieu, il n’avait aucun égard pour la personne des rois et des puissants. Enfin, pour atteindre le comble de la grâce céleste, condamnant à bon droit les copulations exécrables de noces incestueuses, il imitait saint Jean d’une manière irréprochable.

Mais tout ce qu’il aura souffert de ce fait personne ne pourra l’exposer convenablement : en vérité, il aurait souhaité devenir martyr ; il ne lui manqua que la droite de l’assassin, mais, sans aucun doute, il mérita la palme du martyre, lui qui ne se cacha pas d’avoir formulé ce vœu.

Outre ses autres tâches, se rendant à la convocation des synodes réunis assez souvent pour cette cause et, à la fin, sur l’injonction de très nombreux évêques, il fut contraint de force par ses frères d’absoudre les personnes qu’il avait excommuniées.

Et comme on lui demandait d’apposer aussi lui-même le signe de la croix sur les eulogies que les autres évêques avaient bénies pour les envoyer à une personne excommuniée, il répondit à l’assemblée épiscopale : « Même si moi, sur votre ordre, je suis forcé d’apposer le signe de la croix, puisque vous refusez la cause de Dieu c’est Dieu Lui-même qui est en puissance de se venger. »

Après quoi, avant que la personne excommuniée ne porte les eulogies à sa bouche, elle expira et avant que le porteur [de pain] ne parvînt à destination, c’est la parole de l’évêque qui prévalut : il se rendit même auprès de bienheureux Césaire, évêque d’Arles, pour le consulter sur ce sujet.

 

Mais parce que nous ne pouvons dérouler chacun de ses très nombreux actes, qu’il suffise d’en avoir évoqué un petit nombre. Nous croyons ainsi qu’il est avant tout nécessaire de présenter le témoignage du bienheureux Aubin vivant après sa mort, car, bien que son corps soit enfermé dans la tombe, cependant l’âme de ce juste a produit en récompense une grande abondance de fruits.

Les miracles de saint Aubin

 

Miracles postumes, relatés par les moines de l'abbaye Saint Aubin d'Angers au XIème siècle

 

Le culte de saint Aubin a commencé très tôt puisque Grégoire de Tours rapporte deux de ses miracles. Déposé depuis le VIème siècle dans une basilique suburbaine qui a pris le nom de saint Aubin, le corps du saint évêque reposait au XIème siècle dans la crypte de l’abbatiale du puissant monastère angevin. C’est là qu’eurent lieu la plupart des miracles. Ils sont rassemblés dans deux groupes de récits, écrits l’un et l’autre au XIème siècle. Il s’agit surtout de récits de guérison, mais ils nous renseignent aussi sur divers aspects de la vie quotidienne. Composés par des moines de saint Aubin, ces miracles du XIème siècle témoignent à la fois de l’activité du scriptorium de l’abbaye et de la ferveur qui entourait la tradition hagiographique du saint fondateur.

C’est ainsi que ces récits font état des miracles suivants, réalisés lors d’une visite au tombeau du saint ou en l’invoquant :

·       Guérison d’un paralytique ;

·       Guérison femme aveugle

·       Guérison d’un moine bourguignon sur le tombeau du saint

·       Guérison d’un possédé du démon (Bernier)

·       Guérison d’une jeune fille noble, Ameline, torturée par un démon

·       Guérison du mal des ardents au pied droit de Berfroi, habitant Cugnault

·       Guérison du paralytique Germond, au bout de 7 ans de dévotion

·       Apparition du saint sur un cheval lumineux qui fait fuir les assaillants de Guérande (les vikings) en 919.

·      Mais le saint sait aussi punir : Un jeune chevalier, Foulque,  ayant juré, il devint muet et ne recouvra
   la parole qu’après dévotion au saint.

Élisabeth Carpentier et Georges Pon - Annales de Bretagne 2018.